Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


mardi 10 octobre 2017

Pierre Lapointe : l'indispensable nouvel album



Tu détestes ta jeunesse,
Tes beaux cheveux blonds juvéniles
Qui descendent comme la vie, près du mouvement de tes cils.
Tu détestes ceux qui grâce à l'amour ne sont plus les mêmes.
Tu préfères dire je t'aime à grands coups de bouquets de haine.
Tu n'es pas certain d'être bien, mais jamais tu ne l'avoueras
Avoir des gestes qui font rêver, c'est tout ce qui compte ici-bas.
Les magiciens des temps modernes savent bien comment mentir
Comment fabriquer le beau en tuant quelques souvenirs.
Tes amis sont bien, mais tu comprends le mal du Grand Savoir
Qu'eux-mêmes ne pourraient goûter malgré leurs forces noires.
Tous ensemble, vous jouerez sans malaise aux grands enfants blasés
Qui tanguent de la tête sur des rythmes fantomatiques saccadés.
Tu repenses à tes amours, à tous ceux que tu as baisés
À quel point ils avaient l'air heureux d'avoir pu te consommer.
Tu as pris un verre de trop, mais c'était pour équilibrer
Les sensations provoquées par tes rêveries colorées.
S'étourdir est un remède facile quand l'âme a la nausée
Face aux complications répétées par la vie imposées.
Tu danses, muet, près de ton ami, celui qui sait te parler
Te raisonner quand tes larmes reviennent au pas comme une armée.
C'est le seul moyen que tu as pu trouver pour oublier
Le poids de la solitude qui revient sans cesse te hanter.
Tu ne sais pas pourquoi, mais même les mouvements dictés par ton cœur
Font que tu te sens abandonné au milieu de tes peurs.
Crois-tu qu'un jour, malgré tout, tu seras capable d'aimer ?
Le seul moyen possible de le savoir c'est de recommencer.
La Science du cœur est un objet d'abstraction propulsé
Par la volonté qu'ont les gens tristes à se laisser toucher.

Ça fait déjà quatre jours que tu n'as pas dormi.
Dans ta tête, de la musique résonne, te réveille dans la nuit
Comme si ta peine avait donné naissance à une symphonie.
Est-ce là le signe annonciateur d'une prochaine folie ?
Tu repenses à ta grand-mère, tu dis qu'elle t'a vraiment aimé.
Tu revois sa couche pleine venant tout juste de déborder.
Le contraste est trop mince entre début et finalité
Mais tu te résignes sans peine devant cette fatalité.
Tu regardes tes vêtements et cette image immaculée
Que tu projettes sans vouloir comme un jeune enfant surdoué.
Tu te dis qu'un jour, c'est certain tout ça sera démodé
Que chacun des trophées que tu portes brûlera dans l'éternité
Que ton corps, devenu flasque et faible, aura tout effacé
Les traces de ta jeunesse, les traces trop fragiles de l'été.

2 commentaires:

Jules D. a dit…

Je viens de télécharger (légalement) l'album : que d'émotion !
Jules

Silvano a dit…

Je vais l'acheter.