Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


vendredi 23 janvier 2015

Vivre Vite avec Philippe Besson

Philippe Besson ne le savait pas jusqu'à mardi dernier : il est l'un de mes familiers. En l'absence des hommes et son Retour parmi les hommes en séquelle m'avaient accompagné, avec leur Vincent-narrateur (le "je" est une marque de fabrique bessonienne) lors d'un séjour sur les rives du Lac Majeur, et son Garçon d'Italie m'avait ramené à Florence quand je croyais ne plus y revenir avant longtemps. J'avais découvert l'écrivain lors de la publication de Un homme accidentel, qui m'avait passionné. J'étais ravi qu'un auteur français suive, à sa manière, la voie tracée par Joseph Hansen, papa du détective gay Dave Brandstetter (allez voir les romans publiés par Rivages/Noir, c'est vraiment bien !).
Je suis donc devenu attentif à l'actualité du sieur Besson, et l'annonce, un matin, sur France Inter, de la publication de Vivre Vite doublait le plaisir que j'aurais - sans aucun doute - à le découvrir : pensez-donc, James Dean au centre d'un bouquin, voilà de quoi satisfaire cinéphage en manque perpétuel !

Comme je l'écrivais dans un précédent billet, j'ai pour habitude d'entreprendre la lecture de plusieurs livres à la fois. L'emporte celui qui parvient à me faire entrer en immersion. C'est le cas ici, pour cette fiction biographique que j'ai avalée aussi vite que son héros les kilomètres au volant de ses bolides (sans les mêmes dommages, heureusement).
Dans son Vivre Vite, Besson use d'un procédé narratif original : le "je" se multiplie, l'auteur se substituant à Dean, à sa mère, à son père, à Brando, à son photographe, à ses proches, à ses profs (beau personnage que celui d'Adeline Brookshire, sa prof d'art dramatique à Fairmount), et à Rock Hudson, jaloux de l'aura du jeune acteur mort à 24 ans, lui qui jamais n'incendia un écran.
En dire plus serait porter atteinte à l'intérêt que vous porterez à ce (trop) court roman, à votre désir de le déguster, ce que les cinéphiles appellent "spoiler" dans leurs forums.
Mieux-lisant sensuel
L'art de Philippe Besson consiste, à mon sens, à nous passionner pour la vie d'une icône au sujet de laquelle tout a été dit, écrit et filmé (les biographies pour la télé sont d'ailleurs insipides, incapables de transcrire un magnétisme unique au monde), ce qui n'est pas rien.
Circulent maintes biographies, dont l'une (je n'ai plus la référence), "non autorisée" proclamait la couverture, glosait sur la sexualité de l'acteur en n'épargnant au lecteur aucun détail salace. 
Au cours de la rencontre à laquelle j'assistai mardi dernier à la Fnac, Besson fit preuve, sur le sujet, d'une saine pudeur, et, s'il s'attacha à démontrer la bisexualité du comédien, ne céda pas un pouce de terrain à un "interviewer" gourmand d'anecdotes croustillantes.
Suscitant d'emblée l'empathie, l'écrivain sacrifia au rite des dédicaces : la mienne est émouvante, dont je le remercie à nouveau s'il lit ces lignes. Je souhaite que ce soit la première de ma "collec". 

Je connais deux jeunes gens du milieu cinématographique, auxquels je dis souvent : lisez davantage !

6 commentaires:

Emmanuel F. a dit…

J'ai vu l'année dernière un film assez étrange sur James Dean "Joshua Tree, a portrait of James Dean", où l’aspect homosexuel de sa vie amoureuse était très présent. C'est un film en noir et blanc, où se mêlent le rêve, le fantasme et des moments authentiques de la vie de James Dean, sans que l'on puisse vraiment distinguer le vrai du faux. Ce n'est pas entièrement réussi, mais je me souviens de très belles séquences. Connaissez-vous ce film ?

Bande annonce

Silvano a dit…

Non, Emmanuel, je ne connaissais pas : je me renseigne illico !

Anonyme a dit…

Bonjour,
Je viens également de et de poster un article sur mon blog à son sujet. J'ai également délaissé mes autres lectures pour l'avaler en quatre jours.
Je n'ai regretté qu'une chose : on ne sent que très peu de différence de style entre les personnages qui manquent ainsi de profondeur.
Jérôme

Silvano a dit…

Jeromo, Philippe Besson ne s'attend certainement pas à lire une chronique en esperanto. S'il me lit,
un clic sur votre patronyme...

Arthur P. a dit…

Et hop, dans ma besace !

Anonyme a dit…

Je sais, on se fait beaucoup de fausses idées sur l'espéranto... Qui sait qu'il y a une Académie d'espéranto, un Penn club d'écrivains espérantophones, des revues littéraires en espéranto dont une éditée à New York (Beletra almanako)?
J'essaye modestement, par mon blog, d'échanger sur divers sujets plus ou moins frivoles, de faire connaître certaines choses et points de vue, dans la petite Espérantie gay.
Et tant mieux si je fais également connaître l'espéranto par dessus le marché !
Jérôme