Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


jeudi 27 octobre 2011

Partie noble








Klaus Mann le lucide

 Dandy, frivole ?
Beaucoup mieux.


Il doit être parfois difficile d'être le fils d'un génie, d'un Prix Nobel fêté, adulé aux quatre coins de la planète.
Klaus Mann, fils de l'auteur de la Montagne Magique (qu'il appelait, d'ailleurs, "Le Magicien" !), malgré le poids d'une telle hérédité, sut s'en affranchir le plus souvent et vécut en urgence au cœur des années les plus tourmentées du siècle dernier.
Observant Hitler en 1932 s'empiffrant de tartelettes dans une pâtisserie munichoise, il sut immédiatement à quel monstre le monde aurait affaire peu de temps après.
La lucidité n'est pas la moindre des qualités de cet homme qui dévora la vie en dandy d'apparence, débauché magnifique, amateur de substances illicites et de beaux garçons, qui sut dans le même temps écrire des ouvrages aussi importants que Mephisto ou ce Tournant, journal intime qui est un précieux témoignage sur le monde en éruption où le "fils de..." parle finalement peu de lui, préférant raconter ce qu'il vit, dont ce voyage insensé avec sa sœur Erika, aussi "dingue" que lui, si proche qu'ils se prétendirent jumeaux !
Klaus Mann voit arriver le nazisme et sera l'un des premiers intellectuels à s'expatrier, peinant à convaincre l'illustre géniteur d'en faire autant : ce personnage que l'on dépeint longtemps comme frivole, eut la vision de ce qui allait advenir, du cataclysme qu'il sut prévoir quand d'autres pensaient que le nazisme ne serait qu'épisode sans lendemain.
Déjà, bien avant l'exil, le jeune Mann eut la "bougeotte", parcourant l'Europe, les USA, le Japon, le plus souvent en compagnie de son inséparable Erika, laquelle finit par épouser un "grand" acteur allemand, un pleutre qui se compromit par la suite avec le régime hitlérien.
Au gré de ses pérégrinations, K. Mann rencontra les grands hommes de son temps, notamment à Paris, sa ville préférée, où il fréquenta René Crevel qui le fascinait, Jean Cocteau, et André Gide qu'il admirait plus que tout : les pages qu'il lui consacre dans "Le tournant" cernent avec une grande acuité le personnage et l'homme Gide dont il fit son modèle.
C'est dans les camions de l'armée américaine que Klaus Mann reviendra dans son pays natal.
Parti pour les États-Unis en 1938, l'allemand déchu de sa nationalité dès 1934, avait acquis le statut de citoyen tchécoslovaque l'année suivante.
Après la guerre, cet inlassable pourfendeur du IIIème Reich connut une lente descente dans l'enfer de la drogue.
C'est à Cannes qu'il mit fin à ses jours - ou succomba à une surdose de somnifères ? -  le 21 mai 1949.
Peu de temps après, le père illustre écrivit à Hermann Hesse (qu'il faut lire et relire !) :
« Mes rapports avec lui étaient difficiles et point exempts d'un sentiment de culpabilité puisque mon existence projetait par avance une ombre sur la sienne [...]. Il travaillait trop vite et trop facilement. »

Klaus Mann donna cependant la preuve qu'on peut être un esthète, un prétendu "dilettante" tout en étant doué d'une réelle profondeur de jugement.
Silvano



Thomas Mann et les siens à Nidden.
Klaus est le 4ème en partant de la gauche.

Sur Klaus Mann, on lira l'article de Pierre Assouline sur son blog, ici : clic
A lire absolument : Le Tournant - Histoire d'une vie (Babel)

mardi 25 octobre 2011

Cadeau : Händel | Gigli


Mouvement sublimé




- Photos (c) Jean-Philippe Guillemain -

La nuit où je ne pus trouver le sommeil...

Rhaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !*













*J'avais envie de crier.

dimanche 23 octobre 2011

L'offrande

Cadeau : Poulenc | Poulenc (lui-même !) - Février - Prêtre

Du tonus pour ce dimanche avec le 1er mouvement de ce concerto épique pour 2 pianos.
Remarquable document avec l'immense Francis Poulenc (qui fut "des nôtres" !) et Jacques Février sous la baguette de Georges Prêtre :



Francis Poulenc "croqué" par l'ami Cocteau

Par Colbert Cassan (1970)

Francis Poulenc et Jean Cocteau