Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


mardi 27 octobre 2009

"Elève libre", le malaise.


Bien sûr qu'il est beau Jonas, le héros d'Elève libre, ce film dont je m'étonnai lors de son acquisition que l'on me dirige vers le rayon "Gay" de ce grand fourre-tout culturel à succursales multiples.
Il est beau et pourrait figurer dans ces pages à la rubrique "Anges" créée pour illustrer agréablement ce blog à vocation culturelle, rubrique bien pratique quand le travail devient par trop absorbant et m'empêche de rédiger à un rythme régulier.
Après lecture de la critique de Bernard Alapetite sur son (excellent) blog (voir lien, colonne de droite) j'ai donc voulu voir ce film qu'on qualifierait de sulfureux dans certaines sphères.
Il en résulte en cours de visionnage un malaise croissant qui atteint quasiment au dégoût et me laisse un sale arrière-goût longtemps après l'extinction du vidéoprojecteur.

Et, contrairement au blogueur sus-nommé, je ne fus pas mécontent que le film s'arrête après 1h45 de projection : je n'y ai sans doute rien compris ; car si l'auteur (Joachim Lafosse) nous dit que son intention était de communiquer sur l'éducation et la transmission, je ne retiens, de prime abord, de cette histoire que la lente narration d'un viol prémédité sur la personne d'un adolescent immature manipulé par un trio d'adultes dont l'attitude me paraît indéfendable.
Contrairement à ce que certains voudraient faire croire, le personnage principal, Jonas, ne manifeste pas d'avidité des choses du sexe, ce qui est le moindre de ses droits.
Fragile, il est amené par ces grandes personnes, dont l'une chargée de son éducation scolaire, à assouvir leurs fantasmes et à combler leur vide affectif -un gouffre !- : la scène où Nathalie parle de ses problèmes de couple est révélatrice à cet égard.
On atteint la nausée lors de la scène au cours de laquelle le "maître" viole littéralement l'élève (libre ?).

Alors, on invoque la Grèce antique et ses Eraste, Camus -que j'admire et qui se demanderait ce qu'il vient faire là- et la transgression : bien filmée et interprétée, éclairée par "l'ange" Jonas, cette production me semble malhonnête.
Le goût que nous avons pour la beauté des jeunes hommes (pubères et majeurs en ce qui me concerne, personne n'étant parfait) n'occulte pas le sens moral (je n'ai pas écrit "morale"), le respect de l'autre dont tout être humain doté d'un cerveau et d'un cœur doit faire preuve, envers, au premier chef, celui ou celle qu'il est chargé d'élever.
Au sens noble du terme.
Syl.


La critique de B. Alapetite sur cette page : clic.

4 commentaires:

Eric S. a dit…

Je partage totalement votre "vision" sur ce film.
Enseignant en charge d'ados, jamais je ne me livrerais à ce genre de manipulation dégueulasse.
E.S

winkiki a dit…

Excellente analyse, personnellement, ce film m'a agacé par ses dialogues artificiels (son ambiance malsaine distilée surtout par la femme…) et sa mise en scène poussive. Pauvre Jonas il démarre bien mal sa vie de jeune adulte

Syl./ Gay Cultes a dit…

"(son ambiance malsaine distilée surtout par la femme…) "
Rhoooooooo !

Romain a dit…

Mais précisément, ce film ne fait en aucun cas l'apologie du détournement de mineur ! Les adultes qui manipulent l'ado du film ne sont pas présentés sous un jour très favorable, bien au contraire, et leur vide affectif, que vous mentionnez ici, est clairement exposé. Je dirais plutôt que le film prend le parti de Jonas, mineur pas tout à fait innocent (à supposer qu'un enfant ou qu'un adolescent puisse réellement être "innocent", ce dont je doute fort) mais qui est clairement victime d'un abus manifeste, abus dénoncé et non pas excusé par le film.