Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


mercredi 26 août 2015

Nanar sublime


Féru de cinématographe, je déteste néanmoins l'estampille "cinéphile" que d'aucuns voudraient m'accoler. C'est le cinéma dans tous ses avatars que je chéris. Si les "chefs-d’œuvre" dûment certifiés ont ma faveur, mon cabinet secret recèle sa part de navets que je ne crains pas de qualifier de sublimes. Ainsi de The Roman Spring of Mrs. Stone (Le visage du plaisir, titre français ridicule pour attirer le chaland) avec Warren Beatty incarne le gigolo de Vivien Leigh dans une Rome de carte postale (j'essaierai de retrouver le billet que je consacrai à ce film).
Par une heureuse coïncidence, encore enivré de mon séjour napolitain, je découvris, l'autre soir, sur une chaîne dédié au 7è art, un film intitulé C'est arrivé à Naples, étrange production américaine de 1960 tournée sur les lieux-même, avec un Clark Gable en fin de parcours, peu impliqué, mais, en partenaire, une Sophia Loren volubile, drôle, belle, un Vittorio De Sica qui a toujours symbolisé à mes yeux la "classe" italienne et un gamin... parfois insupportable.
Si l'intrigue est quelque peu invraisemblable, et l'histoire d'amour entre un Gable qui n'est plus que l'ombre de lui-même et une Loren à l'apogée de sa beauté plus qu'improbable, le film permet de se faire une idée de ce que fut Capri à la fin des années 50 (malgré le titre, l'essentiel de l'intrigue s'y déroule), et de constater que Naples, elle, n'a guère changé, ce qui fait tout son charme d'ailleurs.
Sophia, Reine de Naples
Au scénario, on a pris soin d'embaucher la grande Suso Cecchi D'Amico (1914/2010), qui signa les films les plus célèbres du cinéma italien d'avant la dégringolade, du Voleur de bicyclette de De Sica au Guépard de Visconti, au milieu d'une filmographie impressionnante où il n'y a pas grand chose à jeter*.
Conjonction de ses défauts et qualités, le film permet de passer un sacré bon moment. La chaîne s'appelle TCM et on peut le revoir pendant quelque temps, pour peu d'être abonné, ce qui, pour un amoureux du cinéma s'avère indispensable par ces temps de médiocrité télévisuelle.

Synopsis (accrochez-vous !) :
Michael Hamilton , un avocat de Philadelphie, arrive à Naples quelques jours avant son mariage pour régler la succession de son frère Joseph avec un juriste italien Vitalli . À Naples, Michael découvre que son frère a un fils de neuf ans, Nando, qui est élevé par sa tante maternelle Lucia, une chanteuse de cabaret. Joseph n’a pas épousé la mère de Nando mais ils se sont tous les deux noyés lors d’un accident de bateau. La femme légitime de Joseph qu’il a quittée en 1950 vit à Philadelphie. Après avoir vu Nando distribuer des photos légères de Lucia, Michael veut inscrire son neveu à l’école américaine de Rome mais Lucia gagne la garde de l’enfant. Malgré la différence d’âge, une romance éclot entre Michael et Lucia et il décide de rester en Italie.

Un formidable extrait oppose les habitants d'une Capri qui n'existe plus, au riche américain : "Tout ce que vous voulez, c'est le pétrole !".
Qui a dit que les temps changent ?



Enfin, la Loren chante, dans le cabaret qui l'emploie (en filigrane, on nous fait comprendre qu'elle arrondit autrement ses fins de mois !), cet Americano à déguster sans modération :



* L'incroyable filmographie de Suso Cecchi D'Amico, ici : clic



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